Fontenoy, un village dans la tourmente de la Succession d'Autriche


 

Il est situé à deux kilomètres à l’est d’Antoing, à huit kilomètres au sud-est de Tournai et à 41,5 kilomètres à l’ouest de Mons. En ligne droite, il est de nos jours à cinq kilomètres de la frontière française. Au point de vue toponymique, dans ce nominal, la finale oi répond à la finale diminutive des latins etus, eta, etum. Sa signification est donc petite fontaine. La première mention du nom remonte à 1189.

 

La bataille, en tant qu’événement ponctuel, ne peut être prise isolément et doit être replacée dans un contexte, tant historique que géographique, beaucoup plus large. Des événements qui s’étaient déroulés quelques années auparavant dans des lieux fort éloignés, ont une certaine incidence sur celle-ci et ne peuvent donc être ignorés.

 

La Pragmatique Sanction est un acte qui servit de prétexte au déclenchement de la guerre dite de Succession d’Autriche dont la bataille de Fontenoy n’est qu’un des nombreux épisodes. Elle est une décision par laquelle l’empereur Charles VI fait savoir que, faute de descendance masculine, une fille pourra lui succéder à sa mort. C’est en 1717 que l’archiduchesse Marie-Thérèse voit le jour. La Pragmatique Sanction est approuvée en 1725 par les états des Provinces. L’on peut croire, à cette époque, qu’il n’y aura pas de problème successoral.

 

Au décès de l’empereur, les passions se cristallisent. Le 20 octobre 1740, Charles VI, dernier enfant mâle de la Maison d’Autriche, meurt et cède le trône, au terme du traité précédemment approuvé, à sa fille aînée, Marie-Thérèse, alors âgée de 23 ans. Depuis deux siècles, l’Autriche n’a cessé d’agrandir ses possessions sur le continent européen. Sa suprématie porte ombrage aux autres puissances européennes. La mort de Charles VI parait une occasion favorable à celles-ci. Elles vont enfin pouvoir manifester leurs prétentions au grand jour.

 

Depuis 1713, les régions formant la future Belgique sont passées de la domination des Habsbourg d’Espagne à celle des Habsbourg d’Autriche.

Le transfert des Pays-Bas catholiques à l’Autriche par les traités d’Utrecht et de Rastadt résulte beaucoup plus des circonstances du moment que d’un plan politique mûrement étudié.

 

L’Angleterre et les Provinces-Unies, par cette cession, reconnaissent implicitement les vues de Charles VI sur l’héritage de la branche espagnole de sa famille. Par la ratification de ces traités, ces mêmes pays renoncent à leurs prétentions et se portent garants du respect des traités. Mais les diplomates du congrès d’Utrecht ont à peine achevé leur œuvre, qu’elle ne répond plus à l’état de l’Europe, parce que ce traité tient compte d’une politique annexionniste de la part de la France que les gouvernements successifs de Louis XV et Louis XVI viennent contredire. De plus, les Provinces-Unies ne cherchent qu’à rejeter le fardeau des obligations qu’elles avaient assumées par le traité de la Barrière.

 

En 1740 éclate la guerre dite de Succession d’Autriche. La France, la Prusse, l’Espagne et plusieurs états allemands s’opposent à l’Autriche, l’Angleterre et les Provinces-Unies.

 

Frédéric II, roi de Prusse depuis le 31 mai 1740, a demandé en vain la Silésie pour prix de son vote à l’élection impériale. Dès décembre 1740, il fait envahir la région convoitée sans déclaration de guerre préalable. Marie-Thérèse compte alors sur George II de Grande-Bretagne, également électeur de Hanovre, pour intervenir. Mais Robert Walpole, son « Premier Ministre » refuse d’entraîner le pays dans le conflit.

 

Très vite, Frédéric II remporte ses premières victoires avec une petite armée bien entraînée et équipée de fusils modernes. Il hiverne, ayant conquis la Silésie.

 

L’entrée en guerre de la France


La France a accepté, à mi-mot, la Pragmatique Sanction. Dans l’opinion, après la mort de Charles VI, un fort courant se dessine pour affaiblir l’ennemi traditionnel Habsbourg. Louis XV cède : la France soutient les prétentions de l’électeur de Bavière, ne laissant à Marie-Thérèse que son domaine héréditaire. Le 5 juin 1741, Frédéric II signe un traité d’alliance avec le maréchal de Belle-Isle. Par ce traité, la France s’engage à soutenir militairement l’électeur de Bavière et à reconnaître les conquêtes prussiennes en Silésie. En contrepartie, Frédéric ne consent que des promesses.

 

La guerre

Contre l’Autriche, deux fronts se dessinent, l’un prussien, rapidement gagné et entériné par le traité de paix de Breslau du 11 juin 1742, l’autre français, marqué par les victoires autrichiennes, sur son terrain, où personne ne perd.

 

En 1743, l’Autriche signe une alliance militaire, le traité de Worms. Par celui-ci, l’Autriche, la Grande-Bretagne, la Saxe, le Hanovre et le Royaume de Piémont-Sardaigne se donnent pour but la prise de l’Alsace, la Lorraine et des Trois-Évêchés Metz-Toul-Verdun à la France.

 

Le front Prusse-Autriche

 

La Prusse, victorieuse, gagne des territoires sur l’Autriche. Ces deux puissances signent alors une paix séparée : la Prusse cesse la guerre au mépris des conventions passées avec ses alliés, conserve les territoires conquis dont la Silésie, et s’engage à respecter la Pragmatique Sanction. Par cette paix séparée, elle laisse la France seule dans l’embarras d’une guerre où elle avait été poussée par la Prusse.

 

Le front France-Autriche

 

La guerre se porte rapidement en Allemagne, où les Français s’engagent sous le commandement théorique des Bavarois. Maurice de Saxe s’empare de Prague le 26 novembre 1741. Mais Marie-Thérèse, disposant de la couronne de Hongrie, parvient à repousser les forces franco-bavaroises par une « petite guerre », guerre de harcèlement, menée par des éléments croates et hongrois. Prague est reprise par les Autrichiens à l’issue d’un siège de sept mois. L’armée française, dont les lignes de ravitaillement sont étendues, doit faire retraite vers le Rhin.

 

À Dettingen, le 27 juin 1743, le roi d’Angleterre se laisse prendre dans un piège par les Français. Le maréchal de Noailles le bloque dans un défilé. Le duc de Grammont fait traverser le Main à ses troupes. Au lieu de rester en position défensive, il attaque. Ses troupes doivent se replier et repassent le fleuve sur des ponts qui s’effondrent. Les Français sont défaits C’est la dernière fois qu’un roi britannique commande sur un champ de bataille contre les Français.

 

Le 15 mars 1744, Louis XV déclare officiellement la guerre à l’Angleterre et à l’Autriche. Dès l’entrée de l’Angleterre dans les hostilités, la guerre se porte dans les Pays-Bas autrichiens. Les Français franchissent la frontière flamande. Menin se rend le 7 juin. Il s’ensuit une série de succès foudroyants de l’armée française. Ce n’est qu’en 1745 que les Anglais tentent d’enrayer la progression française. La victoire de Fontenoy du 11 mai assure aux Français la prise de Tournai le 22 mai et de sa citadelle le 20 juin. Tournai est une des places-fortes de la Barrière. Une fois prise, elle ouvre aux troupes françaises la plaine de l’Escaut.

 

Par la suite, l’armée anglaise vaincue à Fontenoy se contente de couvrir Bruxelles.

 

Après une campagne qui débute par la prise de Gand, le 10 juillet 1745, et se termine par la reddition de Vilvorde, le 4 février 1746, les troupes françaises occupent la Flandre. Bruxelles capitule le 17 février 1746. L’invasion des Pays-Bas autrichiens se poursuit, et l’armée française remporte victoire sur victoire : Rocourt le 11 octobre 1746 et Lawfeld le 2 juillet 1747 consacrent le succès français. La menace sur les Provinces-Unies se précise lorsque tombent Bergen-op-Zoom le 16 septembre 1747 et Maastricht le 13 avril 1748. Les forces coalisées ont perdu sur ce front, les Français ont fait une démonstration de force.

 

La guerre de Succession d’Autriche se termine par la signature du traité d’Aix-la-Chapelle, le 18 octobre 1748. À ce moment, la situation de la France a changé : elle ne retire aucun bénéfice de cette guerre. Le roi de France est très critiqué pour son comportement. C’est à cette époque que nait l’expression « se battre pour le roi de Prusse ». En effet, si Frédéric II sort grand gagnant de cet affrontement, ce n’est pas le cas de Louis XV, qui a décidé d’adopter un rôle d’arbitre plutôt que de conquérant.

 

 

 

 

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